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NPA 27 -  Eure

Québec : grève générale des étudiants depuis février contre la hausse des frais de scolarité

17 Mai 2012 , Rédigé par NPA 27 Publié dans #International

Québec: le conflit étudiant dans l'impasse, la ministre de l'Education démissionne

Publié le lundi 14 mai 2012

Québec: le conflit étudiant dans l'impasse, la ministre de l'Education démissionne_1

Des étudiants québécois manifestent contre la hausse des frais de scolarité, le 26 avril 2012 à Montréal.

 

La ministre québécoise de l'Education, Line Beauchamp, a démissionné lundi dans l'espoir de provoquer un "électrochoc" pour débloquer le conflit étudiant le plus long de l'histoire de la province, autour de la hausse des frais de scolarité.

Mme Beauchamp a pris cette décision à la suite du rejet par ses interlocuteurs d'une proposition du gouvernement provincial pour sortir de la crise, affirmant avoir perdu confiance dans la volonté des dirigeants étudiants de trouver une solution.

"J'espère que cela servira d'électrochoc. Tant mieux si, dès demain, ça amène un mode compromis", a-t-elle dit.

Line Beauchamp, visiblement émue, a annoncé sa décision lors d'un point de presse retransmis en direct à la télévision: "Je ne démissionne pas devant l'intimidation. Je ne cède pas devant le vandalisme, devant la désobéissance civile (...) Je démissionne parce que j'estime que je ne fais plus partie de la solution".

Line Beauchamp, 49 ans, était ministre de l'Education, des Loisirs et du Sport depuis août 2010 et vice-première ministre du gouvernement libéral (centre-droit) de Jean Charest.

Elle a été remplacée immédiatement par Mme Michelle Courchesne qui cumulera désormais les fonctions de vice-première ministre et ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport avec celles de ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de présidente du Conseil du trésor, qu'elle occupait déjà.

Ancienne ministre de l'Education de 2007 à 2010, Mme Courchesne a participé aux négociations avec les étudiants. Elle s'y serait montrée plus souple que Mme Beauchamp, selon Jean-Pierre Charbonneau, ancien ministre et député du Parti Québécois.

Mme Beauchamp démissionne au début de la quatorzième semaine du conflit estudiantin le plus long de l'histoire du Québec. Quelque 165.000 étudiants sont en grève et manifestent quotidiennement, sans relâche depuis février, de nuit, de jour, parfois presque entièrement nus, pour attirer l'attention des responsables politiques et des médias du monde entier.

La ministre, qui abandonne également son mandat de députée libérale, a tenté d'expliquer sa décision.

"J'en arrive à la conclusion personnelle que j'ai perdu confiance en la volonté des leaders étudiants quant à la recherche d'une véritable sortie de crise. Personnellement, à titre de ministre de l'Education, je n'ai jamais réussi à leur faire faire un compromis. Alors moi, personnellement, j'ai fait l'ultime compromis que je puisse faire, je cède la place."

Les représentants des syndicats étudiants ont accueilli l'annonce plutôt froidement.

"Le problème pour nous, ça n'a jamais été Mme Beauchamp" a dit Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l'organisation la plus revendicatrice, la CLASSE (Coalition Large de l'Association pour une Solidarité Syndicale Etudiante).

"Le problème c'est la hausse des frais de scolarité. Ce n'est pas en changeant de ministre qu'on va régler la crise actuelle. On va régler la crise lorsqu'on va accepter de parler de la raison pour laquelle les gens sont en grève", a-t-il ajouté.

Le gouvernement n'a jamais voulu revenir sur la hausse décidée. Le dernier accord qu'il a proposé prévoit une augmentation des droits de scolarité à l'université de 1.780 dollars sur sept ans, au lieu de cinq ans initialement, pour arriver à près de 4.000 dollars par an, plus près de la moyenne nord-américaine.

En contrepartie, les prêts et bourses augmenteraient également et les frais annexes imposés aux étudiants par les universités pourraient être réduits, mais sans que cela soit assuré.

© 2012 AF

Canada: le "printemps érable", un réenchantement de la politique par la jeunesse

Publié le vendredi 11 mai 2012 

Canada: le

Une étudiante face à la police devant le lieu où le parti libéral du Québec tient son congrès annuel, le 5 mai 2012 à Victoriaville

Le mouvement de contestation étudiant sans précédent au Québec déborde le seul cadre scolaire et permet à une génération d'apparaître à l'avant-scène de la vie politique pour tenter de sauvegarder les acquis sociaux-démocrates minés par le tout-économique.

Qui a dit que les jeunes étaient des créatures nombrilistes, égocentriques, peu intéressés par la politique? Certainement pas les quelque 170.000 étudiants en grève depuis 13 semaines contre la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement du Premier ministre québécois Jean Charest.

Le conflit étudiant s'est métamorphosé en crise sociale, surnommée "printemps érable", un clin d'oeil reliant le printemps arabe au symbole national canadien.

"En ce moment au Québec, et dans le monde, il y a une crise économique, une crise écologique, une crise politique - la désaffection et le cynisme n'ont jamais été aussi grands en Occident - une crise de sens, et nous comme génération on se retrouve avec toutes ces crises-là à gérer", explique à l'AFP Gabriel Nadeau-Dubois, 21 ans, porte-parole de la CLASSE, le plus important mouvement étudiant sur le terrain.

"Vous nous donnez un monde qui n'est pas si beau que ça, laissez-nous au moins l'améliorer en allant aux études", ajoute l'étudiant en histoire au regard perçant, presque devenu l'ennemi public numéro un du gouvernement au fil du conflit.

Les mouvements étudiants et le gouvernement ont signé samedi dernier un accord de principe prévoyant une hausse de 82% sur sept ans des droits de scolarité pour les porter à près de 4.000 dollars par année, plus près de la moyenne canadienne (5.200 dollars).

En contrepartie, les frais annexes imposés par les universités devaient être réduits en fonction d'économies qui pourraient être identifiées par un comité qui examinera la gestion des établissements. Mais le gouvernement a laissé planer un doute sur la faisabilité de ces réductions. Et les étudiants en grève ont rejeté le plan de sortie de crise.

Résultat, une relance de la mobilisation. Les étudiants organisent rapidement, spontanément, des manifestations, grâce aux médias sociaux. Mais il y a plus, leur mouvement a fait sien les principes de démocratie participative avec des assemblées locales où les étudiants peuvent participer aux décisions. "Le niveau d'engagement, de motivation, est donc beaucoup plus élevé", constate Marcos Ancelovici, spécialiste des mouvements sociaux à l'Université McGill.

Au Québec, les grands moments de mobilisation sociale ont été associés par le passé à la cause de l'indépendance de la province francophone de huit millions d'habitants. Or, le conflit étudiant, dit-il, "consolide" un mouvement de mobilisation "qui n'est plus subordonné à la question nationale".

La mobilisation étudiante s'inscrit davantage dans la lignée de la fronde en 2001 contre le Sommet des Amériques à Québec, de la grève étudiante de 2005 pour le maintien des bourses d'étude et du mouvement "Occupons" à l'automne, insiste-t-il.

"Il y a une sorte de ras-le-bol par rapport à une vision, un discours, celui du néo-libéralisme où on veut transformer la vie sociale en marché", renchérit Jacques Hamel, sociologue à l'Université de Montréal.

"Bourdieu serait ravi", lance ce proche du célèbre intellectuel français mort il y a dix ans. "Il manifesterait son appui aux étudiants et dirait: votre lutte est une lutte de civilisation pour essayer de sauvegarder les services publics qui sont les acquis de la société industrielle et qu'on cherche aujourd'hui à ruiner", dit-il à l'AFP.

Si les taux d'insatisfaction demeurent très élevés contre le gouvernement libéral de Jean Charest, une majorité de Québécois restent favorables à la hausse des droits de scolarité, selon les sondages.

Peu importe l'issue du conflit, c'est une "socialisation politique accélérée pour beaucoup de jeunes qui auront acquis des compétences, un savoir-faire militant, une certaine prise de conscience de l'action collective", souligne M. Ancelovici. "C'est bon pour la démocratie, c'est bon pour le Québec".

© 2012 AFP

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