Distribution alimentaire dans un Resto du Coeur de Villeurbanne, le 28 novembre 2011

Les personnes qui ont besoin des Restos du Coeur ou de l'aide d'autres associations humanitaires pour se nourrir et vivre correctement sont de plus en plus nombreuses" et "cette tendance risque de s'installer", a-t-il fait valoir dans un entretien à l'AFP.

Après une hausse de 25% du nombre de personnes accueillies sur les trois dernières années, "nous enregistrons encore de l'ordre de 5 à 8% de personnes supplémentaires depuis le début de notre campagne 2011-2012, avec parfois, dans certains départements, des pics pouvant atteindre jusqu'à 15%", a-t-il expliqué.

"Aux Restos du Coeur, un repas coûte environ un euro. L'an dernier, on a servi 109 millions de repas à 860.000 bénéficiaires. Si on devait constater 5% de personnes en plus durant toute la durée de la campagne, soit l'hypothèse basse, cela représenterait cinq millions d'euros de besoins en plus", a estimé le dirigeant de l'association fondée en 1985 par Coluche.

Or, face à ces besoins croissants, les financements stagnent, s'inquiète M. Berthe, qui en appelle à "la générosité nationale, publique et privée, pour nous aider à compenser".

Le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), qui permet de financer l'aide alimentaire de 18 millions d'Européens pauvres dans 19 des 27 Etats membres, a certes été sauvé in extremis il y a quelques semaines, pour encore deux années. Mais "cette aide européenne reste au même niveau qu'il y a deux ou trois ans. Quant aux finances publiques, elles sont très mal en point", a-t-il rappelé.

"Conclusion: on doit faire plus avec moins", a-t-il regretté, en rappelant que les Restos du Coeur (aide alimentaire, actions d'insertion), qui mobilisent cette année 60.000 bénévoles, sont financés pour un tiers par des financements publics et aux deux tiers par des apports privés (dons, legs, revenus générés par les Enfoirés).

Cet appel de détresse intervient quelques jours après la visite au centre logistique des Restos du coeur à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) du président Sarkozy, qui a salué le "travail exceptionnel" de l'association.

"Face à la pauvreté, la compassion et les bons sentiments ne suffisent pas", a rétorqué lundi la députée PS Marisol Touraine, chargée du pôle social dans l'équipe de campagne du candidat socialiste François Hollande.

"A quelques jours de Noël, Nicolas Sarkozy avait jugé opportun de se rendre dans un centre des Restos du coeur, pour marquer sa compassion. Aujourd'hui, le président de l'association tire la sonnette d'alarme", a-t-elle commenté dans un communiqué, en assurant que "toutes les associations engagées dans la lutte contre la pauvreté dressent le même constat".

"Les bons sentiments ne suffisent pas, surtout lorsqu'ils viennent d'une droite qui a fait de la dénonciation des pauvres comme fraudeurs ou assistés sa marque de fabrique", a estimé la députée d'Indre-et-Loire, en dénonçant le "sinistre bilan" de Nicolas Sarkozy : "En cinq ans, la pauvreté a augmenté en France, elle touche des hommes et des femmes qui travaillent, des jeunes ou des familles entières".