Répression anti-CPE à Rouen: les condamnations tombent
"Le tribunal a choisi de condamner notre mouvement social" François Sandoz, du syndicat Sud étudiant
Cyrille, Valentin, Alexis, Charles, Martin et Baptiste comparaissaient hier mardi devant le tribunal correctionnel de Rouen pour « violence sur personne dépositaire de l'autorité publique n'ayant pas occasionné d'incapacité de travail ». Il leur est reproché : des jets de pierre, de canettes ou de peinture sur les gendarmes mobiles.
Tous les six ont été interpellés en marge des manifestations anti-CPE. Les 3 et 4 avril dernier, à proximité du théâtre des Arts. Ils font partie des 125 jeunes placés en garde à vue à Rouen au cours des treize jours de débordement.
Agés de 20 à 26 ans, ils sont étudiants pour certains, demandeurs d'emploi ou salariés. Fait assez rare, pour être souligné devant le tribunal correctionnel : aucun n'a été condamné auparavant.
Interpellés parmi des groupes de plusieurs centaines de personnes, ils ont été « là au mauvais endroit, au mauvais moment », selon Martin, étudiant à Evreux et selon Baptiste, intérimaire à Darnétal, qui tous les deux clament leur innocence.
Valentin, apprenti, reconnaît lui avoir lancé une canette « sous l'effet de l'énervement » et Cyrille « sous l'effet de six ou sept bières ».
Travail d'intérêt général
Le cas de Charles, soutenu par les syndicats étudiants et une partie des profs de l'université, est un peu à part. Etudiant en IUT à Rouen, il lui est reproché « un jet de peinture jaune sur le bouclier d'un policier ». « Faux, rétorque Charles Je n'avais dans mon sac que de la peinture rouge et en plus je n'en ai pas lancée ».
Alors que les syndicats demandent la relaxe pour l'ensemble des militants anti-CPE, le procureur tient à rappeler « que lancer des projectiles sur les forces de l'ordre est condamné par la loi, même si c'est de la peinture ». Il requiert des peines de 70 à 105 heures d'intérêt général et trois mois de prison avec sursis pour Cyrille. Les avocats insistent sur la difficulté d'identifier un jeune parmi les centaines des manifestants.
Le tribunal se rangera finalement du côté du procureur. Trois des six prévenus sont reconnus coupables et condamnés à 70 heures d'intérêt général. Cyrille écope, lui, de trois mois de prison avec sursis et de 105 heures d'intérêt général pour avoir lancé une canette. Enfin, les cas de Baptiste et Martin ont été porté en délibéré.
A la sortie du tribunal, les syndicats affichent leur déception : « Le tribunal a choisi de condamner notre mouvement social. Il a choisi de venger sur ceux qui ont été pris », regrette François Sandoz, du syndicat Sud étudiant.
FRANCE-LAURE PONS